En matière d'objets anciens, la science de l'argenterie est une des plus extactes (mais aussi une des très vastes !). Voici quelques clés simples pour distinguer l'argent massif du métal argenté.
L'argent étant un métal mou, on ne peut pas réaliser de pièces d'orfèvrerie en argent pur : les pièces en argent massif sont en réalité faites d'un alliage d'argent et de cuivre plus ou moins riche en argent. Le titre d'argent détermine la quantité d'argent contenue dans l'alliage : en France, les titres en usage sont .925 à .950 (soient 925g / 950g d'argent pour 1000g de métal) et .800 (800g d'argent pour 1000g de métal).
Le métal argenté est fait de métal, en général alliage de cuivre et de bronze, finement recouvert d'argent par électrolyse. L'usure d'une pièce en métal argenté laisse donc apparaître l'alliage jaune-brun qui est en-dessous.
Une pièce en vermeil est en argent massif recouvert d'une couche d'or ajoutée par électrolyse (autrefois par un procédé d'application au mercure) à la pièce. On retrouve les poinçons d'argent massif sur les pièces en vermeil ou partiellement vermeillées. A ne pas confondre avec le métal doré, qui présentera de toute façon les poinçons de métal argenté.
Enfin, de nombreuses pièces de service (couverts à salade, services à découper...) au manche volumineux sont en argent fourré : il s'agit de couverts constitués d'un manche en résine, cire... recouvert d'une coque d'argent massif. Si ce procédé permet, certes, une économie de matière, il n'a rien à voir avec le métal argenté : il s'agit bien d'une couche épaisse d'argent assurant la rigidité du manche. Ces pièces portent donc le poinçon de garantie correspondant à la quantité d'argent dans l'alliage (pour la France : poinçon Minerve 1er titre ou 2e titre)
C'est le premier élément à identifier sur les pièces d'argenterie. Les fabricants d'argenterie, de métal comme d'argent massif, ont l'obligation d'apposer des poinçons sur leurs productions, ce qui permet de faire très facilement la différence entre les deux matières.
Selon les époques, les poinçons se présentent bien différemment. Pour l'époque contemporaine (depuis 1838) :
En observant deux pièces nettoyées, l'une en argent massif et l'autre en métal argenté, l'une à côté de l'autre, on observera une brillance plus blanche et plus "agressive" sur le métal argenté, un peu plus douce, plus neutre sur l'argent massif.
L'usure d'une pièce en métal argenté laisse par ailleurs apparaître l'alliage jaune ou gris foncé en-dessous, alors que la pièce en argent massif reste d'une couleur homogène.
L'alliage du métal argenté est sensiblement plus dense que celui dont est fait l'argent massif, quel que soit le titre d'argent massif de la pièce. A volume équivalent, les pièces en métal argenté seront plus lourdes que leurs équivalentes en argent massif ; le test peut être réalisé assez facilement avec deux fourchettes d'un modèle classique - le modèle au filet par exemple - de même longueur : c'est frappant.
Alors que l'alliage de métal argenté est très difficile à déformer, l'argent massif est assez souple et s'érode facilement. Ainsi, un argent massif usé présentera plus facilement des déformations que du métal argenté ayant subi les même chocs ; une fourchette en argent massif ayant beaucoup servi présentera des dents plus ou moins raccourcies (en particulier celles de l'extérieur de la fourche), alors que la fourchette en métal argenté gardera sa ligne initiale mais présentera des traces de désargenture, laissant apparaître l'alliage foncé au dos de la fourche et sur les dents.
Attention, donc, à ne pas couper de choses trop dures avec une petite cuillère (miel dur, glace...) ou un couteau à lame en argent (fromage), car le manche et la lame se tordent très facilement.